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HISTOIRE DES ÉGLISES ET CHAPELLES DE LYON

une des preuves les moins suspectes de la vitalité des croyances et des vertus inspirées par l’amour du Christ. Telle sera la conclusion morale des études qui forment cet ouvrage, si nos intentions sont écoutées. Qu’on me permette même, dans le désir de rendre plus accessible et plus évident cet accord de la logique et des faits, de finir cette préface, en m’arrêtant sur la comparaison générale de ce passé, dont j’ai tracé les grandes lignes, avec le présent que nous devons louer : je demande à signaler par quelles traditions d’idées et d’efforts, jusque dans les manifestations de l’art, interprète du dogme et de la liturgie, le second se soude fortement au premier, en reproduit le meilleur, et en étend les conquêtes.

Les reprises, favorisées par la loi du 18 germinal an X, furent parcimonieuses, tardives, sujettes à de graves embarras et à de lourdes servitudes. Des confiscations immobilières qui avaient été décrétées, pour ne viser que celles-là, il restait fort peu entre les mains du pouvoir : une partie avait été aliénée par des ventes sur lesquelles il était impossible de revenir ; une autre partie avait été remise aux administrations de l’État, soit pour y installer leurs services, soit pour en tirer des loyers ; leurs bureaux résistaient au déplacement ; les églises séculières ou conventuelles, en état d’être immédiatement restituées aux fidèles coûteront beaucoup à approprier, car elles ont subi d’étranges dégradations, transformées tantôt en temples décadaires, tantôt en dépôt de subsistances, d’équipements militaires, en halle au blé, en usines de salpêtre, en écuries, etc. La joie d’y rentrer jeta un voile sur leur navrante nudité ; on les accommoda sommairement, en se réservant de les nettoyer plus tard et de les embellir.

Il fut décidé, de concert avec la préfecture et le conseil archiépiscopal, qu’on diviserait la ville en quinze paroisses ; les unes reprirent les locaux qui leur appartenaient avant 1794 ; des églises de monastères furent attribuées aux autres. Ainsi la Primatiale, Saint-Paul, Saint-Just, Saint-Irénée, Saint-Georges, Saint-Martin d’Ainay, Saint-Nizier, Saint-Pierre des Terreaux, Vaise, la Guillotière rouvrirent comme jadis. Notre-Dame-Saint-Vincent occupa les Grands-Augustins ; Saint-Polycarpe, l’Oratoire ; Saint-Bruno fut placé aux Chartreux ; les Augustins de la Croix-Rousse échurent à Saint-Denis ; les Repenties à Saint-François. Les Cordeliers étaient réservés à Saint-Bonaventure, mais l’édifice menaçait ruine : on l’apercevait dans un tel état de vétusté que le curé, M. Pascal, y renonça ; il demanda la chapelle du collège et l’obtint ; on ne rentra aux Cordeliers qu’en février 1807.

Quelques communautés avaient échappé à la liquidation ; le cardinal Fesch