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instrument aussi précieux entre les mains. En même temps, le conseil archiépiscopal s’occupa plusieurs fois de son déplacement : on voulut, par exemple, le charger de la direction d’un petit séminaire. La chose s’ébruita et deux de ses paroissiens, le baron Rambaud, ancien maire de Lyon, et M. Magneval, maire de Vourles, se hâtèrent d’obtenir de monseigneur l’assurance qu’il ne sortirait pas de Vourles. Une autre fois, en 1831, il fut désigné pour la cure de Bourg-Argentat : neuf mois se passèrent à attendre le résultat des efforts pour faire agréer par l’État cette nomination ; le 21 octobre 1831 jour de Saint-Viateur, il reçut une lettre portant que le refus du gouvernement était définitif, et que monseigneur se décidait enfin à présenter un autre ecclésiastique. À l’instant M. Querbes prit la plume pour faire remarquer au prélat cette coïncidence entre la détermination définitive sur son déplacement qui eût rendu l’ordonnance royale inutile et le jour de la fête de la future société. Enfin, le 3 novembre 1831, le fondateur reçut la lettre suivante signée Baron, vicaire général : « Monseigneur a agréé et approuvé en ce qui le concerne, votre institution de clercs de Saint-Viateur ; il en désire le succès, lequel ne sera pas douteux puisque le premier pasteur veut bien y donner sa bénédiction. Je me fais un plaisir de vous l’annoncer. »

Libre d’agir désormais, il fallait d’abord affronter un obstacle devenu insurmontable par la difficulté des circonstances et le défaut de ressources pécuniaires : « Hélas ! » se disait M. Querbes, « si monseigneur m’eut laissé faire en 1829, j’aurais obtenu des fonds du gouvernement et nous serions maintenant cinquante occupés à faire une bonne guerre aux instituteurs irréligieux. » Ce n’était pourtant pas le moment de reculer. Quelques sujets furent reçus à la cure pour être formés, et l’espace devenant trop étroit, il fallut penser à acquérir une maison, laquelle put être le berceau de l’association. Un local adossé à l’église paraissait convenable ; mais lorsque vint le moment de passer l’acte et de payer comptant, M. Querbes manquait des 22.000 fr. nécessaires. Les dames Comte et Mlle Lamoureux furent, en cette occasion, les dignes instruments de la Providence :. les premières, par un don gratuit de 4.000 fr., la seconde par la remise d’une somme de 6.000 fr., dont les intérêts devaient servir à l’éducation d’un jeune homme dans l’état ecclésiastique. Enfin, au moyen d’un emprunt de 12.000 fr., l’acquisition fut définitive.

En donnant son approbation à cette bonne œuvre, monseigneur avait chargé M. Cholleton, vicaire général, de la diriger. C’est de cette époque que datent les progrès réels de la société Saint-Viateur ; c’est à son zèle qu’ils sont dus. M. Cholleton eut d’abord la pensée d’unir la congrégation à celle des Petits-Frères de Marie. L’idée fut approuvée par le conseil épiscopal ; elle était vivement appuyée par l’abbé Pompalier de Vourles, prêtre mariste. Dieu ne permit pas cette union, parce que le but des deux congrégations n’était pas le même. Au milieu des difficultés de la première heure, M. Querbes commença ses essais. Divers sujets furent envoyés en plusieurs paroisses. Quatre d’entre eux, qui donnèrent lieu à des plaintes, furent retirés de leur poste, et d’autres renvoyés pour défaut de vocation. Ces renvois faisaient mauvais effet dans le public, parce que l’on croyait liés par des engagements de conscience des hommes que l’on voyait revêtus d’un costume religieux.