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récollets

concise appréciation du résumé copié plus haut : « ils quittèrent le lieu de la Croix-Rousse où ils étaient très mal. » C’est que, sans doute, le domaine qu’on avait destiné aux Récollets ne leur avait pas été accordé en entier. Une lettre d’un religieux, du 2 janvier 1620, apprend que la communauté est à l’étroit et resserrée entre des voisinages incommodes. La suite de l’acte précité indique quels étaient ces voisinages qui, eux aussi, estimaient fâcheux les Récollets. Il y eut plainte au consulat par les administrateurs de l’Aumône générale, de l’hôpital du pont du Rhône et de l’hospice du Petit-Jésus, tant sur l’établissement de ces nouveaux mendiants, que sur celui des Carmes réformés ou déchaux et sur celui des Feuillants.

Le monastère des Récollets au xviiie siècle.

Les échevins ne se mêlèrent pas à la plainte et ne s’en émurent pas à l’excès : ils gardèrent leur bienveillance aux religieux mendiants, quoiqu’ils reconnussent que ce régime de vie basé sur l’aumône privait de ressources les hôpitaux et les autres instituts dont les possessions ou les couvents se trouvaient sur la colline Saint-Sébastien ou de la Croix-Rousse. Enfin, tout bien pesé, et pour mettre du baume sur la plaie, malgré que la ville se fût grevée de grandes dépenses pour l’accueil fait à madame royale de France, princesse de Piémont, elle donna aux frères Mineurs Récollets la somme de deux mille livres pour être employée en constructions. Cette madame royale, princesse de Piémont, que l’on voit, entre parenthèse, comme circonstance atténuante ou comme échappatoire, était Christine, seconde fille de Henri IV, mariée à Victor-Amédée, fils et héritier présomptif de Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie.

La générosité continue du consulat ne fit guère de profit sur l’heure aux Récollets déjà décidés à émigrer dans un quartier moins encombré d’œuvres pies ; par un scrupule louable ils voulurent rendre la somme en passant le pont pour se fixer à Bellegrève, en la montée Saint-Barthélemy ; mais les consuls la leur laissèrent par lettre du 22 décembre 1622, puisque, aussi bien, ils n’avaient pu encore la dépenser pour son objet, et qu’ils n’avaient pas un moindre besoin de construire en changeant de lieu sans que ce fût de leur volonté. Leur nouveau séjour était agréable et assez dégagé sur le Garillan. Peu après on vit s’établir à leurs côtés les Lazaristes, qui, eux, se comportèrent en voisins de bonne composition pendant plus d’un siècle. L’abbaye de Chazeaux ne fut pas non plus une voisine pointilleuse.