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histoire des églises et chapelles de lyon

laire dans laquelle s’ouvre le portail flanqué de colonnes doriques, jusqu’à la tribune sur laquelle donne la grande fenêtre centrale encadrée de colonnes cannelées, jusqu’à la niche du fronton où doit être placée la statue de saint Bruno, tout se tient, tout se lie, en rapport avec l’édifice et dans son ensemble harmonieux ».

La statue du saint patron vint à son heure, et M. Fabisch reproduisit le chef-d’œuvre de Houdon à Sainte-Marie-des-Anges, à Rome, dont Clément XIV a dit : « Ce marbre parlerait si la règle des Chartreux ne lui imposait le silence ». Tout cela s’était accompli sans nulle subvention officielle, à l’aide de souscriptions particulières, entre lesquelles il faut citer la souscription des pères de la Grande Chartreuse, touchante aumône de ceux qui avaient été jadis dépossédés. Une allocation municipale permit ensuite de réparer l’œuvre extérieure presque dans sa totalité, et de substituer aux avant-toits disgracieux, une corniche de pierre. Puis ce fut l’acquisition d’un orgue, meuble de luxe, qui n’a pas sa place dans les églises et dans le rite austère des fils de saint Bruno ; il fut pendant quelque temps, comme entreposé dans le côté droit du chœur, à la suite des stalles, et il paraissait avoir conscience et honte de cette position gênante, anormale, déplaisante. Par une très heureuse idée, on le plaça au fond du chœur et on fit servir à la façade du buffet la superbe boiserie qui encadrait le tableau du Baptême de Notre-Seigneur. À cette distance, et sans interrompre le développement des stalles, il n’a pas l’inconvénient, ainsi que cela existe dans tant d’autres églises, de brouiller par l’éclat des tuyaux d’étain la parure de l’autel.

Au moment où il avait le droit de se reposer de tout ce qu’il avait fait, M. Fond, avec des ressources généreuses dont il a gardé le secret, avec les dons de ses paroissiens dans un milieu ouvrier, entreprit la restauration de tout l’intérieur du monument : M. Sainte-Marie Perrin la dirigea, M. Ramponi exécuta les travaux. Dieu rappela à lui le digne curé avant qu’il eût la joie de voir son œuvre achevée. Elle a été reprise vaillamment et intelligemment par M. Bélicard : en moins de deux années, on a vu se décorer, il faudrait plutôt dire se créer, les chapelles Saint-Joseph, Saint-Irénée et des fonts baptismaux ; se dresser les belles portes de chêne de l’entrée principale ; s’améliorer l’état de la sacristie ; s’accomplir une réparation importante du couloir qui s’ouvre au couchant de l’église, longe le petit cloître et conduit soit au chœur, soit au sanctuaire.

Enfin, après un alignement remanié de la rue Pierre-Dupont, une belle grille a remplacé la vieille porte à deux auvents qui, du temps des Chartreux, donnait accès à l’église et au monastère. La cour qui va de la grille à la façade a été plantée d’arbustes. Le curé actuel, M. le chanoine Robert, a déjà prouvé, depuis le peu de temps qu’il est en charge, qu’il continuera l’œuvre de ses prédécesseurs.

La partie historique de l’étude qu’on vient de lire a été, dans une certaine mesure, descriptive. Il reste peu à dire sur ce point. Nous avons décrit la façade qui, par son style, fait bien corps avec l’intérieur du monument. En pénétrant dans l’église, le regard est attiré par le baldaquin dont les lignes gracieuses s’élancent dans l’évasement de la coupole ; il en est de plus riches, notamment en Italie, il en est peu d’aussi