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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/95

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les frères prêcheurs

devait rester une tradition. Les vitraux de Lyon ont tous été exécutés dans le couvent. Les cartons sont du père Danzas, qui, lors de la construction du monument, avait été, dans une certaine mesure, l’inspirateur de l’architecte ; ils ont été reproduits et peints par les frères Gilles Brossette, Joachim Durif, tous deux élèves de l’École des Beaux-Arts, Arbogast Heynis et Eugène Baudin.

Vitrail dans l’église actuelle des Dominicains.

Dans leur ensemble, ces vitraux sont consacrés à l’histoire de l’ordre et de ses illustrations. La verrière du fond de l’abside montre la naissance de l’ordre : « Le Christ apparaît assis sur un trône brillant, tenant de la main gauche un livre sur ses genoux et bénissant de la droite. Près de lui, un peu plus bas, apparaît à sa droite la Vierge également assise, les deux mains croisées contre la poitrine et le regard élevé vers son Fils, comme quelqu’un qui implore… Elle implore en effet miséricorde en faveur du monde prévaricateur, que le Sauveur allait punir, et celui-ci touché par l’intercession de sa mère, consent à envoyer aux hommes ses deux serviteurs Dominique et François, que l’on voit se rencontrer et s’embrasser fraternellement dans le bas du tableau, de même que leurs anges gardiens. »

L’espace manque malheureusement pour indiquer la suite des scènes et des sujets reproduits ; nous devons nous borner à noter que, d’une manière générale, les verrières de la nef droite, celle du Rosaire, sont consacrées aux bienheureuses de l’ordre et celles de la nef gauche, la nef de Saint-Dominique, aux saints religieux.

Depuis trois ans l’accès de l’église des frères Prêcheurs est interdit. Les religieux qui en avaient été les artisans ont été chassés. À ses portes également closes frappent en vain les déshérités de ce monde en quête de consolations et les artistes attirés par ses beautés mystérieuses.

Au lendemain du coup d’État de 1831, lorsque, après avoir adressé ses adieux à son auditoire de Paris dans un cri sublime d’indépendance et de virilité, l’illustre restaurateur de l’ordre de Saint-Dominique dut quitter à jamais ces voûtes de Notre-Dame où il avait éveillé des échos inouïs jusqu’alors, il le fit sans récrimination, sinon sans regrets. « J’étais une liberté, a-t-il écrit plus tard, et mon heure était venue de disparaître avec les autres ».

Aujourd’hui que le sens de la liberté semble s’être à nouveau obscurci, c’est à l’immortel Dominicain encore qu’il faut demander en même temps que le secret de l’ave-