Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
religieuses de jésus-marie

gences sociales de leur position. Aussi l’œuvre naissante fut-elle confiée aux sœurs Saint-Joseph chargées de s’occuper de plus près des enfants.

L’Association des Sacrés-Cœurs, c’était le nom donné par M. Coindre à la petite société des âmes d’élite, continuait toujours à exister en dehors de la Providence. Le nombre pourtant des zélatrices diminua ; les unes contrariées par leur famille dans leur noble dessein, avaient dû y renoncer ; les autres quittèrent l’œuvre pour s’engager dans des voies différentes. Le prêtre comprit que pour maintenir l’œuvre et la consolider, il était nécessaire de lui donner une autre forme et une nouvelle direction.

Dans une des réunions, il proposa à ses dirigées de se réunir en communauté, et leur traça les grandes lignes de la règle qu’elles devraient observer. Mlle  Thévenet, installée comme directrice, vit se grouper autour d’elle des bonnes volontés, des dévouements ; voici les noms de ses premières compagnes, maintenant ses filles ; ce sont : Mlles  Ramie, Laporte, Dioque, Chippier, .Jubeau, Planut, Ferrand et Chardon. Dans la même réunion, on décida de commencer un ouvroir où l’on recueillerait de pauvres ouvrières, auxquelles on donnerait une éducation chrétienne. À cet effet, on loua un appartement au lieu dit : les Pierres-Plantées, non loin du faubourg de la Croix-Rousse. Les débuts furent modestes : l’ouvroir se composait seulement d’une ouvrière en soierie et d’une orpheline, suivie peu après, il est vrai, de plusieurs autres. Bientôt de pieuses ouvrières, désireuses de se vouer à Dieu tout en continuant leur industrie, se présentèrent spontanément ; et plusieurs dans la suite se firent religieuses. Mlle  Thévenet visitait souvent la petite communauté, sans pouvoir s’y fixer définitivement, en raison des difficultés suscitées par sa famille : ce ne fut que quelque temps après qu’elle put quitter les siens pour se retirer définitivement.

Petit à petit le nombre des orphelines augmentait et on se trouva à l’étroit : le travail des métiers dépassait le résultat prévu et les commandes abondaient. Pour ces raisons, il parut opportun d’échanger l’humble logis, premier berceau de l’œuvre, contre une maison plus vaste et plus convenable. Une propriété située sur la place de Fourvière et appartenant au père de Pauline Jaricot était en vente ; par l’intermédiaire de cette dernière, le domaine fut vendu à la communauté de Jésus-Marie. Cette maison se nommait l’Angélique, parce qu’elle avait appartenu autrefois à M. Nicolas de L’Ange, magistrat distingué et homme de lettres éminent. Le nouveau local s’adaptait d’une façon parfaite à l’usage auquel on le destinait : en plus de la maison assez vaste et soigneusement conservée de nos jours, il comprenait un vignoble d’une grande étendue, la vaste salle d’ombrage, qui existe encore aujourd’hui. La position offrait un coup d’œil incomparable sur la ville et les environs.

Donc, dans le courant de 1820, la communauté de Jésus-Marie quitta définitivement la maison des Pierres-Plantées, qui l’avait abritée pendant deux ans, pour venir se fixer à l’Angélique. Le nombre des enfants augmentant sans cesse, il fallut, dès l’année suivante, pourvoir à une organisation plus complète. Les bâtiments furent exhaussés, et on construisit une annexe, séparée des autres maisons, qu’on nomma Providence ; là habitèrent les orphelines, occupées surtout à la couture et à la fabrication des étoffes, et à qui on donnait une instruction élémentaire. Dans un local séparé, se trouvait le pensionnat où