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religieuses de la sainte-famille

donnant le règlement qu’il jugerait bon pour leur sanctification, tout en leur permettant de continuer leurs divers travaux. M. Pousset accéda à leur demande, leur donna quelques règles, qui, dans son esprit, ne devaient être que provisoires et pour un temps d’essai. Il leur proposa de retracer dans leur vie, partagée entre le travail manuel et les exercices religieux, quelques-unes des vertus de la sainte famille de Nazareth. M. Pousset, craignant de nuire à l’ensemble de son ministère de curé, ne voulut pas tout d’abord se charger de la direction spéciale de la maison Descombes et Piégay, qui, sans être une communauté, en imitait presque la régularité et en exigeait les soins. Ce n’est qu’à la suite d’une neuvaine à Notre-Dame de Fourvière, faite à son insu, par ces demoiselles, sur le conseil d’un bon prêtre, que M. Pousset consentit à entreprendre cette œuvre. Telle est l’origine historique du nom porté dans la suite par la communauté.

Couvent de la Sainte-Famille.

Quelques mois plus tard, l’abbé Pousset rédigea un nouveau projet de règlement établissant une sorte de noviciat pour cette nouvelle-née qui tiendrait le milieu entre la vie religieuse et l’existence purement séculière ; et dès lors, sept des pieuses ouvrières furent regardées comme novices. De ce moment, 1823, date à vrai dire la communauté. À Noël de la même année, eut lieu, pour la première fois, la cérémonie des vœux, et celle de la vêture, car, jusque-là, on n’avait pas encore adopté d’habit particulier. Malgré les critiques et les plaisanteries dont elle fut accueillie tout d’abord, la congrégation naissante se développa promptement et acquit une réputation méritée. Beaucoup d’ouvrières ne tardèrent pas à imiter leurs compagnes et demandèrent à leur tour d’entrer au noviciat. La petite communauté occupait le bâtiment connu à l’époque sous le nom de maison Bourdin : elle dut bientôt chercher ailleurs un édifice plus en rapport avec son accroissement. L’abbé Pousset, qui veillait aux moindres détails, en procura un, situé en face de l’église paroissiale, et dès lors tout sembla modestement prospérer.

Mais l’année 1830, qui fut signalée à Lyon par des désordres graves et sanglants, faillit amener la dispersion et la disparition de la petite société. Si, plus privilégiée que d’autres communautés, celle de la Sainte-Famille put sortir intacte de l’épreuve, elle le dut précisément à sa nouveauté et au peu d’importance qu’elle avait encore aux yeux des hommes, dont beaucoup ignoraient son existence. Le calme succéda bientôt à la tempête, et, quelques