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notre-dame de la platière

livres… Encore le dit prieuré, outre les meubles nécessaires, était meublé de foin, paille, bois, grandissime quantité de vin, blé, tant froment que seigle, avoine, orge, et plusieurs vaisseaux à tenir vin, et cuve et pressoir. » Le prieur, le sacristain et le curé, « avaient chacun une maison à part adjacente à l’église ». Au-devant du prieuré, «(jointe la rue de La Platière y avait une belle chapelle dans le cimetière dédiée en l’honneur et sous le vocable de sainte Marie-Madeleine,… y avait une autre chapelle dédiée à saint Laurent, adjacente le corps de l’église du côté de vent. » Le cimetière clos de hautes murailles était au levant, sur la rue de la Lanterne, et près de la chapelle Saint-Maurice, « y avait une boutique où se tenait un notaire royal où il exerçait son état de laquelle le prieur prenait bon revenu ». Le clocher contenait six cloches. Les Huguenots « ont abattu les cloches du clocher et ycelles emportées. Ils ont rompu et emporté les grandes portes de l’église qui étaient en bois de noyer,… ont abattu la dite chapelle Saint-Laurenl, Sainte-Madeleine et boutiques adjacentes,… ont abattu les maisons des sacristain et curé, ayant mis en place publique les dites maisons ». D’après l’énoncé du chiffre de dix mille livres, somme considérable pour l’époque, le prieuré devait être somptueusement pourvu d’orfèvrerie et d’ornements sacerdotaux.

Les justes revendications du prieur restèrent sans effet. Trente-six ans plus tard, l’office divin n’avait pas encore repris son cours régulier dans l’église dévastée de La Platière. Les paroissiens portèrent leurs doléances devant l’abbé général de l’ordre de Saint-Ruf, Guillaume Manuel. Celui-ci procéda de sa personne à une enquête et à une visite, qui eurent lieu le 28 mai 1598. Sur le grand autel de l’église, on trouva une custode d’argent, que le sacristain dit « avoir par emprunt, n’en sachant au prieur aucune autre ». Il déclare « un seul calice et patène d’estaing, 4 chasubles de diverses couleurs, une autre chasuble et deux tuniques noyres et une chape de satin rouge, un missel à l’usage de Saint-Ruf » et il assure « ne plus rien savoir autre appartenant au prieur ». Le récit de la visite de l’église se poursuit ainsi : « Nous avons visité une chapelle sous le vocable de Notre-Dame-de-Grâce, estant proche et au-dessous du grand autel, lequel nous avons trouvé bien préparé de tapisseries, le devant d’iceluy sans aucuns ornements. — Item, avons visité une autre chapelle estant dans ladite église soubs le vocable de saint Laurent qu’on nous a dictet déclaré être la chapelle de la paroisse de La Platière : l’autel de laquelle avons trouvé tout découvert, sans aucun parements ni napes. — Item, avons visité une autre chapelle soubs le vocable de Notre-Dame-de-Laurette, laquelle avons trouvée bien préparée, tous les ornements de laquelle le sacristain nous a dit appartenir aux confrères d’icelle chapelle. Item, avons visité une autre chapelle intitulée Sainte-Anne que nous avons trouvée en même état que la susdite. »

On voit dans quel dénûment était réduit l’opulent prieuré ; les déprédations touchant les immeubles étaient à l’unisson. Il fallut de longues années pour en effacer les traces. Messire Millet nous racontera comment les religieux s’y employèrent avec une louable constance. Au cours du xviie siècle, l’église paraît avoir retrouvé son éclat. De Bonbourg écrit en 1675 : « À la Platière il y a trois belles chapelles, la première est Nostre-Dame de Lorerte, où il y a un très beau tableau peint par Albert Durer, qui repré-