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histoire des églises et chapelles de lyon

Charles Barberini, et ce ne fut qu’en 1604 ou 1655 que la communauté en prit possession. « On fit une chapelle, dit un mémoire du xviie siècle, au bas du jardin en l’élal qu’elle est présentement, tournant à la rue Vieille-Monnoye, où l’on a continué les fonctions, en attendant que la grande église neuve, qui est commencée depuis quelques années, soit achevée. » En 1654, Camille de Neuville, archevêque de Lyon, eut le dessein de confier un séminaire à l’Oratoire pour les ecclésiastiques de son diocèse ; il voulut qu’il y eût trois prêtres et trois frères servants, promit pour les trois prêtres la somme de 900 livres et 600 livres pour les trois frères.

Vierge Marie (œuvre de Bonnassieux) à Saint-Polycarpe.

L’étendue de la propriété Lespinasse était considérable ; elle contenait non seulement la grande maison occupée par la communauté, et la petite maison où était la sacristie, mais encore un grand espace de terrain, où on bâtit les deux églises de l’Oratoire qui se succédèrent.

En 1665, les Oratoriens achetèrent la maison du sieur Berthon, sise rue Vieille-Monnaie : neuf prêtres et trois frères résidaient alors dans la communauté. La même année, les échevins de Lyon « sachant et reconnaissant la nécessité où sont réduits les révérends Pères de l’Oratoire de bâtir une église et n’ignorant pas qu’ils ne sont point du tout en étal de le faire, et que la ville et le public ont grand intérêt à contribuer à leur établissement à cause des secours et des assistances qu’ils donnent, et par le soin qu’ils prennent d’instruire les prêtres en leur séminaire, ayant délibéré, ont arrêté de faire payer des deniers communs, dons et octrois de la dite ville, aux révérends Pères de l’Oratoire de Jésus, la somme de 15.000 livres pour aider la construction d’une nouvelle église, et ce en cinq années ». L’église projetée ne tarda pas à être construite, puisque, quelques années après, les Oratoriens s’occupaient déjà de la gloire peinte dans la partie supérieure. La plus ancienne description que nous en connaissions est celle de Clapasson dans son livre intitulé : Description de la ville de Lyon. La voici intégralement :

« L’église de l’Oratoire, décorée d’un ordre corinthien, serait une des plus jolies de la ville, sans les colifichets dont elle est chargée et les arcs à pans coupés des tribunes qui font un très mauvais effet. Le grand autel a été refait depuis peu d’années, il paraît copié sur celui des Carmélites ; les deux grandes colonnes qui l’accompagnent sont de marbre de Savoie ; Perrache a exécuté cet ouvrage et a fait aussi les figures de saint Joseph et de la sainte Vierge placées sur les côtés. Le tableau du milieu qui représente La Nativité est une des bonnes productions de Blanchet ; on estime surtout la gloire peinte dans la partie supérieure. Le tabernacle, de bois doré, est encore un morceau de bon goût exécuté sur un dessin du même. Jacques Blanchard, le neveu, de l’Académie de Paris, a fait les quatre tableaux cintrés sous les arcs des formes du chœur : l’on y remarque du coloris, mais bien inférieur à celui de