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notre-dame de fourvière

cérémonies cessa, comme par enchantement, et que la nef ne fut plus un désert, pendant la messe et les vêpres. La première fois que, dans le cours de leurs séances délibératives, ils songent à relever la singularité du fait, c’est dans l’année 1625, le 9 juillet. Un d’entre eux observe que les messes de dévotion, qui se multiplient extraordinairement à l’autel de la Vierge, entraînent une dépense pour le luminaire, le pain et le vin, qu’il est prudent de régler et le procureur reçoit mandat d’attribuer ce supplément de frais à la caisse commune. La vénérable assemblée n’est pas éloignée de penser que les fidèles ont été émus par un accident, survenu l’année précédente, et qui, tout naturel et explicable qu’il soit, n’avait pas laissé que de jeter, dans les esprits, un superstitieux effroi, grâce aux circonstances dans lesquelles il s’était produit. Pendant la nuit, le tonnerre était tombé sur le clocher, la veille de la Décollation de Saint-Jean-Baptiste, le 28 août 1624 ; après avoir endommagé la toiture, pénétré dans la cage des cloches, il était descendu sur l’autel de la Sainte Vierge et avait failli le consumer ; son passage était marqué par des flambeaux tordus, des fleurs incendiées, des nappes roussies. Aussitôt désirant « détourner l’ire de Dieu, comme l’écrit le rédacteur du procès-verbal, le chapitre fit le vœu perpétuel et irrévocable de dire à perpétuité une grand’messe, à diacre et sous-diacre, le jour de la Décollation du Précurseur ». On aime davantage ce qu’on a été sur le point de perdre ; à partir de ce tragique accident, le temple, que le feu du ciel aurait pu réduire en cendres, et qui avait été providentiellement épargné, devint plus cher à la population lyonnaise et fut beaucoup plus fréquenté.

On le constate derechef, dans une réunion du 16 mai 1626 ; deux mois après, 9 juillet, la remarque se répète : « grande affluence du peuple, qui vient en prières continuellement, particulièrement le samedi ». On arrête que le tronc pour les réparations et l’entretien, ayant été rompu, sera remplacé par un autre ; celui des messes de dévotion, qu’on n’ouvrait pas jadis une fois par an, le sera désormais deux fois par mois, le premier et le troisième vendredi. Les dons se multiplient, témoin les 40 livres tournois d’Anne Sontonax, que nous avons rappelées tout à l’heure ; une autre personne, Marguerite Nerberet, veuve du libraire, Claude Rigaud, de la rue Mercière, se charge de l’huile nécessaire à la lampe du tabernacle ; la reine imite ces bourgeoises ; la cour prend le pas des gens du commun ; Anne d’Autriche, entourée de ses dames d’honneur, signale son passage par des largesses et d’abondantes aumônes.

Toutefois, au cours de cette visite, un regrettable incident, qui fut sévèrement reproché au curé-sacristain, Messire Fournel, démontra l’urgence d’une vigilance plus en rapport avec l’affluence des habitants et des étrangers. Bien que l’on fût au lendemain de la Pentecôte, jour férié, la reine, qui n’avait pas averti de son arrivée, se heurta à des portes closes ; on eut beaucoup de peine à découvrir l’entrepositaire des clés et il fut encore nécessaire de forcer, en la brisant, la barrière à claire-voie qui permettait l’accès de la chapelle privilégiée. Plus que ses confrères, un vieillard, Claude Pinard, s’émut de ces incommodités ; membre de la collégiale depuis plus de quarante ans, il s’y était singulièrement affectionné ; il existait de lui la fondation d’une messe, qu’il avait placée à la fête des Trois-Maries, le 26 octobre ; dans cette occasion, il proposa de percer et de bâtir à ses frais