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histoire des églises et chapelles de Lyon

courriers, MM. Ennemond Mugniat ex-consul, Rieussec, Nicolaud, Joachim Charret, Pierre Christin, l’avocat Jolyclerc, de Bombourg, s’inscrivirent des premiers. Les chanoines, de leur côté, s’engagèrent à passer le bassin, à leur tour, revêtus de l’habit de chœur. Toutefois il était indispensable de se munir d’un double consentement : de celui de l’archevêque, évidemment : mais aussi de celui du bureau de la Charité, dont le privilège d’envoyer ses quêteurs, dans les églises de la ville, excluait la présence de tout autre.

On entama des négociations ; le cardinal de Tencin se montra des plus favorables ; il promit une gratification personnelle et engagea par lettre le président du Bureau, M. le chanoine-comte de Damas, grand custode, à porter le mémoire et la requête de la confrérie et de M. Carrier, devant la plus prochaine assemblée de la Charité. On en délibéra, le 26 octobre, et on s’arrêta à une conclusion où la diplomatie contrebalançait la générosité. « Tous les recteurs, écrivait M. de Damas à son Éminence, charmés de se conformera vos intentions et à vos désirs, sont convenus que vous étiez le maître d’appointer la requête des chanoines et courriers de Fourvière, avec les restrictions que vous voulez bien y insérer : ils supplient votre Éminence d’agréer qu’ils ne souscrivent point audit mémoire pour ne pas déroger à leurs privilèges, mais ils ne feront aucun obstacle à ceux qui quêteront ».

Monseigneur, ainsi éclairé du côté où une opposition l’aurait gêné, signa le 1er novembre 1740, à Fontainebleau, sa résidence du moment, l’autorisation suivante :

Pierre de Guérin de Tencin, cardinal prêtre de la Sainte Église romaine du titre des saints Nérée et Aquillée, archevêque et comte de Lyon, primat de France, commandeur de l’Ordre du Saint-Esprit, ministre d’état, etc.

Veu la présente requête, nous permettons aux supplians de faire des quêtes dans l’église seulement de Fourvière, jusqu’à ce que les constructions et décorations projettées soient entièrement finies ; invitant les personnes de l’un et de l’autre sexe de contribuer par leurs dons à la consommation de cet ouvrage. Sans entendre néanmoins préjudicier aux droits que peuvent avoir les sieurs recteurs de la Charité d’y faire des quêtes, et à condition que les sieurs chanoines et courriers s’abstiendront d’en faire dans les jours que lesdits sieurs recteurs sont en usage de présenter des bassins dans ladite église, pour les besoins de la maison de la Charité.

Donné à Fontainebleau, le 1er novembre 1746.
Le cardinal de Tencin
Par son Éminence : Vitasse.

La lenteur de l’ouvrage fut commandée par la parcimonie des recettes ; cinq années furent encore nécessaires pour le mener à bout, malgré un second présent de 3.000 livres du prévôt et des échevins. Dans l’intervalle, Mgr de Tencin gravit la montagne pour examiner l’état de la bâtisse ; la relation de sa visite dit qu’après avoir prié à l’autel tutélaire, il s’arrêta longtemps, sur la terrasse, à contempler le panorama qui se déroulait sous ses yeux, la ville, de la Croix-Rousse au confluent, la vaste plaine du Dauphiné et, pour clore l’horizon, les sommets neigeux du Mont-Blanc et des Alpes ; il félicita son