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histoire des églises et chapelles de lyon

chapelle n’avait rien de commun avec la maladrerie. Les limites actuelles seraient au nord, la rue du Souvenir ; à l’est, la rue du Repos qui la sépare du fort La Mothe ; au sud, le chemin de la Mouche ; à l’ouest la rue de la Madeleine et la route de Vienne. Ce terrain, de forme rectangulaire, était clos de murs ; à l’entrée se dressait une porte monumentale en pierre de style néo-grec, formée de deux pilastres doriques supportant un entablement avec inscription et par-dessus un fronton avec acrotères, orné au centre d’une croix incluse dans une couronne de feuillages retenus par des bandelettes. Deux superbes vantaux de bronze servaient de clôture. Cette porte fut érigée en 1823. À l’intérieur du cimetière et dominant l’horizon, sur un haut piédestal de pierre, se dressait une immense croix de pierre blanche aux arêtes serties de perles et olives en bronze, et aux bras terminés par des têtes d’anges à quatre ailes du même métal. De la croix, au centre du cimetière, partaient quatre allées, le divisant en quatre rectangles ; c’était la partie réservée aux morts des hôpitaux. Le long des murs et contre les parois se trouvaient quelques pierres tumulaires, quelques croix élevées à des sœurs et à des frères des hospices, à des majors, à des aumôniers et à des bienfaiteurs.

Ancien portail du cimetière de la Madeleine.

Collombet a fait un sombre tableau des inhumations à la Madeleine : « Avant le matin, quand l’horloge de l’hôtel-Dieu sonne, avec quatre heures, le réveil de la maison, un vaste tombereau, chargé de recueillir les douloureux tributs de chaque dépôt, s’avance vers la noire salle, où gisent sans cercueils, enveloppés seulement d’une pauvre serpillière, les morts de la veille. Ils sont pêle-mêle dans le funèbre char qui traverse la cité, franchit le Rhône, et suit lentement le long faubourg de la Guillotière, pour rendre à une fosse commune toutes ces misères qui ont accompli leur temps d’épreuve. Durant l’été, les vivants, en allant au travail, peuvent voir passer les morts. Heureux quand le couvercle du chariot, soulevé par quelques cahots ou le trop grand nombre de cadavres, ne vient pas étaler le spectacle de son affligeante cargaison !

« Voici comment on procède à l’inhumation : une fosse large et profonde étant creusée, une première couche de morts est d’abord étendue sur la surface du fond. Lorsque les arrivages du jour sont terminés, on recouvre le tout d’un peu de terre. Le lendemain, la même opération continue jusqu’à ce que, dans tous les sens, cette surface soit remplie.