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notre-dame de fourvière

« J’ai cru devoir interdire pour le moment, écrivait le prélat, l’église Notre-Dame de Fourvière. Je vous en préviens et j’espère que si l’on contrevenait à mon ordonnance, vous voudriez bien tenir la main à ce qu’elle fut respectée. Je vous ferai part de vive voix des motifs qui m’ont déterminé. »

La réponse ne tarda guère ; dès le surlendemain, Dubois adressait à l’archevêque les lignes suivantes :

Monsieur le Cardinal,

« Conformément à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, j’ai ordonné qu’on notifiât aux propriétaires de l’Église de Notre-Dame de Fourvière l’interdiction que vous avez prononcée, et je ferai veiller soigneusement à ce qu’il ne soit célébré aucune cérémonie religieuse. »

Fourvière en 1853 (D’après un daguerréotype de l’époque).

L’intention de l’administration diocésaine n’était pas de rendre définitive la mesure que nous venons de rappeler. On espérait bien racheter Fourvière ; mais les ressources pécuniaires manquaient, pour le moment, et les dispositions de la propriétaire, blessée dans son amour-propre, n’étaient guère favorables pour entamer une négociation. On patienta dans la correspondance de Mgr Fesch, alors ambassadeur à Rome, avec les membres de son Conseil, divers projets sont proposés et débattus. On parla de transporter la dévotion et les indulgences tantôt à l’hospice de l’Antiquaille, tantôt dans l’église des Chartreux ; on apprit enfin que, grâce à l’intermédiaire de M. Goulard, curé de la paroisse de Notre-Dame-Saint-Louis, ancien député aux États Généraux, quatre religieuses, survivantes du Carmel, avaient acquis l’immeuble entier. L’acte de vente avait été signé, devant notaires, par la veuve Besson et l’abbé Goulard, le 30 novembre 1804, et le transfert aux dames Magdeleine Lasausse, Jeanne Herque, Marie Deville et Louise Rossary, avait été rédigé le même jour, séance tenante.

Ici nous devons décharger la mémoire de ces bonnes et saintes filles, qui avaient autrefois subi les cachots de la Terreur et les interrogatoires de ses juges, d’une accusation désagréable, qui, à force d’être répétée par les historiens précédents, même par le dernier d’entre eux, M. le chanoine Chatelus, ancien recteur de la basilique, prend le caractère d’une chose jugée et mal jugée. On leur reproche, à elles ou à leurs amis, d’avoir mené secrètement les pourparlers, destinés à l’achat de la chapelle, et d’y avoir préparé leur installation future, à l’écart et contre le gré de l’archevêque et de ses vicaires généraux.