Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/122

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fixes et pénétrants qui semblaient venir de très loin et pénétrer fort avant. Il s’en alla désespéré : après le violent refus de son père, l’accueil nonchalant de l’abbé ne lui laissait guère d’espérance. Il eut été bien surpris de savoir que l’abbé avait résolu d’aller trouver M. Thibault ce jour même.



Il n’eut pas à se déranger.

Lorsqu’il rentra, comme il faisait chaque matin après sa messe, boire sa tasse de lait froid, dans l’appartement qu’il occupait avec sa sœur à deux pas de l’archevêché, il aperçut M. Thibault qui l’attendait dans la salle à manger. Le gros homme, affalé sur une chaise, les mains sur les cuisses, cuvait encore sa colère. L’arrivée de l’abbé le fit lever.

— « Ah, vous voilà », grommela-t-il. « Ma visite vous surprend ? »

— « Pas tant que vous supposez », répliqua l’abbé. Par moments, un sourire furtif, ou bien une lueur malicieuse du regard, illu-