Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le gros homme reçut le choc sans sourciller ; il demeurait immobile, les yeux clos. Comme le silence se, prolongeait, il hasarde un second coup d’œil ; l’abbé, sans bruit, avait poussé le battant : M. Thibault se trouvait seul devant la porte refermée. Il eut un haussement d’épaules, vira sur lui-même et s’en alla. Mais, à mi-étage il fit halte ; son poing serrait la rampe ; sa respiration était courte ; il tirait le menton en avant, comme un cheval qu’impatiente le caveçon.

— « Non », murmura-t-il.

Et sans hésiter davantage, il rentra chez lui.


Tout le jour, il s’efforça d’oublier ce qui s’était passé. Mais, dans l’après-midi, comme M. Chasle tardait à lui donner un dossier dont il avait besoin, il eut un brusque emportement, qu’il eut peine à réprimer. Antoine était de service à l’hôpital. Le dîner fut silencieux. Sans attendre que Gisèle eût fini son dessert, M. Thibault plia sa serviette et regagna son bureau.

Huit heures sonnaient. « J’aurais le temps