Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/180

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il faire ? Resterait-il là, à rêvasser en fumant ? Il avait bien quelques lettres à écrire, mais baste !

« Tiens », songea-t-il tout à coup en se levant, « je voulais regarder dans Hémon ce qu’il dit du diabète infantile… » Il prit un gros volume broché et le feuilleta sur ses genoux. « Oui… J’aurais dû savoir ça, c’est évident », fit-il en fronçant les sourcils. « Je me suis bien trompé… Sans Philip, ce pauvre gosse était perdu, — par ma faute… C’est-à-dire, par ma faute, non ; mais tout de même… » Il referma le livre et le jeta sur la table. « Comme il est sec, le patron, dans ces cas-là ! Il est tellement vaniteux, jaloux de sa situation ! “ Le régime que vous aviez prescrit ne pouvait qu’aggraver son état, mon pauvre Thibault ! ” Devant les externes, les infirmières, c’est malin ! »

Il enfonça les mains dans ses poches, et fit quelques pas. « J’aurais bien dû lui répondre. J’aurais dû lui dire : “ D’abord si vous faisiez votre devoir, vous… ! ” Parfaitement. Il me répond : “ M. Thibault, je croîs qu’à ce point de vue-là, personne… ” Mais je lui rive son clou : “ Pardon ! Si vous arriviez à l’heure, le matin, et si vous atten-