Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/245

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aux créanciers qui la traquaient. Elle était partie avec un autre ; il a tout quitté pour les suivre et consenti à toutes les compromissions. Il a tenu pendant deux mois une place de contrôleur dans le théâtre où elle chantait ! Je vous dis que c’est une honte. Elle continuait à vivre avec son violoniste, il acceptait tout, il dînait chez eux, il venait faire de la musique avec l’amant de sa maîtresse. La face du Juste ! Vous ne le comprenez pas. Aujourd’hui, il est à Paris, repentant, il dit qu’il a quitté cette femme, qu’il ne veut plus la revoir. Pourquoi donc alors paye-t-il ses dettes, si ce n’est pour se l’attacher à nouveau ? Car il désintéresse un à un les créanciers de Noémie. Oui, voilà pourquoi il est à Paris ! Avec quel argent ! Le mien, celui de ses enfants. Tenez, voici trois semaines, savez-vous ce qu’il a fait ? Il a hypothéqué notre propriété de Maisons-Laffitte pour jeter vingt-cinq mille francs à un créancier de Noémie qui perdait patience ! »

Elle baissa le front ; elle ne disait pas tout. Elle se souvenait de cette convocation chez le notaire, à laquelle elle s’était rendue sans méfiance, et où elle avait trouvé Jérôme à la porte, qui l’attendait. Il avait besoin