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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/259

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blait en rien à sa mère ; pas davantage à Daniel ; et l’on ne s’en étonnait pas : elle paraissait née pour une vie différente des autres.

Mme de Fontanin buvait son thé à petites lampées, tenant la tasse tout près de son visage rieur, et, à travers la buée, elle faisait de petits signes d’amitié à Jacques. Son regard, à force de clarté et de tendresse, donnait une impression de lumière, de chaleur ; et ses cheveux blancs couronnaient, comme un étonnant diadème, son front jeune, largement découvert. Les yeux de Jacques allaient de la mère au fils. Il les aimait tous deux, à cette minute, avec tant de force qu’il souhaitait ardemment que cela se vît ; car il éprouvait plus qu’un autre le besoin de n’être pas méconnu. Sa curiosité des êtres allait jusque-là : jusqu’à briguer une place dans leur pensée intime, jusqu’à désirer fondre sa vie dans la leur.

Devant la fenêtre, une contestation s’élevait entre Nicole et Jenny, à laquelle Daniel vint prendre part. Ils se penchèrent tous trois sur l’appareil de photographie, afin de vérifier s’il y restait ou non un dernier cliché à prendre.