Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/260

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— « Pour me faire plaisir ! » s’écria tout à coup Daniel, de cette voix chaude qu’il n’avait pas autrefois, fixant sur Nicole son regard caressant et impérieux. « Si ! Telle que vous êtes là, en chapeau ; et mon ami Thibault près de vous !

« Jacques ! » appela-t-il ; et plus bas ; « Je vous en prie, je veux absolument vous prendre ensemble ! »

Jacques les rejoignit. Daniel les entraîna de force dans le salon, où la lumière, disait-il, était meilleure.


Mme de Fontanin et Antoine s’attardaient dans la salle à manger.

— « Je tiens à ce que vous ne vous mépreniez pas sur cette visite », concluait Antoine, avec cette brusquerie qui lui semblait donner à ses paroles l’accent de la franchise. « S’il savait que Jacques est ici, et que c’est moi qui l’y amène, je crois qu’il soustrairait mon frère à mon influence, et que tout serait à recommencer. »

— « Pauvre homme », murmura Mme de Fontanin, sur un tel ton qu’Antoine sourit :

— « Vous le plaignez ? »