Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/261

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— « De n’avoir pas su mériter la confiance de fils tels que vous.

— « Ce n’est pas sa faute, et ce n’est pas non plus la mienne. Mon père est ce qu’il est convenu d’appeler un homme éminent et respectable. Je le respecte. Mais, que voulez-vous ? Jamais, sur aucun point, nous ne pensons, je ne dis pas seulement la même chose, mais je dis : d’une manière analogue. Jamais, quel que soit le sujet, nous n’avons pu nous placer au même point de vue. »

— « Tous n’ont pas encore reçu la lumière. »

— Si c’est à la religion que vous pensez, » dit vivement Antoine, « mon père est excessivement religieux ! »

Mme de Fontanin hocha la tête.

— « L’apôtre Paul était déjà d’avis que ce ne sont pas ceux qui écoutent la Loi qui sont justes devant Dieu, mais ceux qui la mettent en pratique. »

Elle éprouvait pour M. Thibault, qu’elle croyait plaindre de tout son cœur, une antipathie instinctive et farouche. L’interdiction dont son fils, sa maison, dont elle-même était l’objet, lui paraissait odieusement injuste et motivée par les plus viles raisons. Se sou-