Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/32

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Enfin, dans le mur du fond, un guichet s’ouvrit : un surveillant passa la tête. Antoine lui jeta sa carte avec celle de son père, et demanda, d’un ton sec, à parler au Directeur.

Près de cinq minutes s’écoulèrent.

Antoine, exaspéré, s’apprêtait à pénétrer de lui-même dans la maison, lorsqu’un pas léger glissa dans le couloir : un jeune homme à lunettes, vêtu de flanelle havane, tout blond, tout rond, accourait vers lui, sautillant sur ses babouches, avec un visage radieux et les deux mains tendues :

— « Bonjour, docteur ! La bonne surprise ! C’est votre frère qui va être ravi ! Je vous connais bien, M. le Fondateur parle souvent de son grand fils médecin ! D’ailleurs il y a un air de famille… Si fait », fit-il en riant, « je vous assure ! Mais entrez dans mon bureau, je vous en prie. Et excusez-moi. Je suis M. Faîsme, le directeur. »

Il poussait Antoine vers le cabinet directorial, traînant les pieds et le suivant de près, les bras levés, les mains ouvertes, comme s’il eût craint qu’Antoine ne fit un faux pas et qu’il eût voulu pouvoir le rattraper au vol.