Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/68

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sait un crochet, passait sous un petit pont. Il eut beau accélérer l’allure, donner son maximum, il déboucha hors du pont lorsque le train, qui était en gare, s’ébranlait déjà. Il le manquait à cent mètres près.

Son orgueil était tel qu’il ne consentit pas à sa défaite ; il voulut l’avoir préférée. « Je pourrais encore sauter dans le fourgon, si je voulais », se dit-il en l’espace d’une seconde, « Mais alors, je ne pourrais plus choisir, je serais parti sans avoir revu Jacques. » Il s’arrêta, satisfait de lui.

Et aussitôt, ce qu’il avait imaginé tout à l’heure, prit corps : déjeuner à l’auberge, retourner au pénitencier, consacrer la journée à son frère.