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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/70

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vue dans le réduit que l’administration nommait les vatères, et dont la porte était maintenue grande ouverte par Arthur, qui fumait sa pipe, adossé au battant.

Antoine se hâta d’entrer dans la chambre. Le directeur se frottait les mains et semblait jubiler :

— « Vous voyez ? » s’écria-t-il ; « les enfants dont nous avons la garde, sont gardés, même là. »

Jacques revint. Antoine s’attendait à ce qu’il parut gêné ; mais il se boutonnait tranquillement, et ses traits n’exprimaient rien, pas même l’étonnement de revoir Antoine. M. Faîsme expliqua qu’il autorisait Jacques à sortir avez son frère jusqu’à six heures. Jacques le regardait au visage, comme s’il cherchait à bien comprendre ; mais il ne souffla mot.

— « Là-dessus je me sauve, excusez-moi », reprit M. Faîsme, de sa voix flûtée. « Réunion de mon conseil municipal. Car je suis maire ! » cria-t-il de la porte, en pouffant de rire, comme si c’eût été du dernier comique ; et Antoine sourit, en effet.

Jacques s’habillait sans se presser. Avec une prévenance qu’Antoine remarqua, Ar-