Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/71

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thur lui passait ses vêtements ; il voulut même lustrer les bottines ; Jacques se laissait faire.

La chambre avait déjà perdu cet aspect soigné, qui, le matin, avait agréablement surpris Antoine. Il en chercha la cause. Le plateau du déjeuner était resté sur la table : une assiette sale, un gobelet vide, des miettes de pain. Le linge propre avait disparu : un seul essuie-mains, taché, pendait au porte-serviettes ; sous la cuvette, un bout de toile cirée, usé et sale ; les draps blancs étaient remplacés par de gros draps écrus, fripés. Ses soupçons se réveillèrent soudain. Mais il ne posa aucune question.


Lorsqu’ils furent tous deux sur la route :

— « Où allons-nous ? » fit Antoine gaîment. « Tu ne connais pas Compiègne ? Il y a un peu plus de trois kilomètres, par le bord de l’Oise. Ça te va ? »

Jacques accepta. Il semblait s’appliquer à ne contrarier son frère en rien.

Antoine passa son bras sous celui du cadet et prit son pas.

— « Qu’est-ce que tu dis du coup des serviettes ? » fit-il. Il regardait Jacques en riant.