Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/77

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Jacques ne prêtait aucune attention à la somptuosité du paysage. Il paraissait surtout préoccupé de fuir les endroits où il y avait du monde. Le calme qui régnait autour du château, sur les terrasses à balustres, l’attira. Antoine le suivait, parlant de ce qu’il voyait, des buis taillés tranchant sur le vert des pelouses, des ramiers qui se posaient sur l’épaule des statues. Mais il n’obtenait que des réponses évasives.

Jacques questionna, tout à coup :

— « Tu lui as parlé ? »

— « À qui ? »

— « À Fontanin. »

— « Mais oui : je l’ai rencontré au quartier latin. Tu sais qu’il est maintenant externe à Louis-le-Grand ? »

— « Ah ? » fit l’autre. Mais il ajouta, avec un tremblement de la voix, qui, pour la première fois, rappelait un peu le ton de menace qu’il prenait si souvent autrefois : « Tu ne lui as pas dit où j’étais ? »

— « Il ne m’a rien demandé. Pourquoi ? Tu ne veux pas qu’il le sache ? »

— « Non. »

— « Pourquoi ? »

— « Parce que. »