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2. Le Commerce du Bengale.

Envisageant la situation du commerce, le même mémoire s’exprime en ces termes :

« Chandernagor est de tous les comptoirs celui qui peut fournir le plus de marchandises à la Compagnie. Quelque quantité que l’on en puisse demander, le Bengale est en état de les fournir. Les Hollandais et les Anglais y envoient un grand nombre de vaisseaux qui n’en sortent que bien chargés de toutes espèces de marchandises, tant pour l’Europe que pour l’Inde. Les Français pourraient même chose, si, jusqu’à présent, le commerce de la Compagnie avait eu une suite. Le comptoir ainsi que les autres s’est toujours trouvé dans une grande disette de fonds ; l’on n’a donc pu jouir des avantages que les autres nations retirent journellement de ce pays.

« La Compagnie retire de ce comptoir environ 10.000 roupies produites par quelques aidées ou villages que les nababs ont cédés à la Compagnie. Ces revenus ne sont assurés qu’autant qu’il plaît aux seigneurs du pays d’en laisser jouir. L’on y est souvent exposé à l’avarice du moindre officier maure et jamais ne s’en retire-t-on, quelle bonne contenance que l’on puisse avoir, qu’en acquiesçant aux demandes qu’il leur plaît de vous faire ou par quelqu’accommodement dont les Européens demeurent toujours les dupes.

« Les bords du Gange sont bordés de petits princes qui arrêtent souvent les bateaux chargés de marchandises dont ils prétendent des droits. Les Hollandais et Anglais, pour éviter ces retardements, embarquent des soldats sur leurs bateaux ; les Maures ne sont pas fâchés que l’on agisse ainsi avec ces princes indiens. Les Français sont obligés d’attendre que les marchands à qui appartiennent la marchandise fassent leur accord. Cependant, malgré toutes ces tyrannies, il y a peu de pays où le commerce soit si florissant et l’on doit regarder Bengale comme la source de tout celui de l’Inde. Ce serait entrer dans un trop