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à Achem, Mahé, la Perse et même Moka. Le Bengale étant réputé le pays le plus riche de l’Inde, Chandernagor était, de tous les comptoirs, celui qui pouvait fournir le plus de marchandises.

Il correspondait avec la France, une fois l’an, en décembre ou en janvier, par des navires qui, chargés généralement à la dernière heure, n’avaient plus le temps de toucher à Pondichéry, sous peine de ne pouvoir doubler le Cap de Bonne-Espérance ; aussi l’arrêt à Pondichéry n’était pas escompté. Les navires venant de France à destination de Chandernagor s’arrêtaient au contraire toujours au chef-lieu, où ils arrivaient entre les mois de juin et de septembre, avec les marchandises à écouler et les avances nécessaires pour l’achat des produits du Bengale et le remboursement des emprunts. Ces navires, jaugeant de 3 à 500 tonnes, pouvaient remonter l’Hougly sur une longueur de 150 à 160 kilomètres, en tirant 16 pieds d’eau à pleine charge.

Les correspondances avec Pondichéry étaient plus fréquentes, mais là il fallait tenir compte des moussons. Dans le golfe du Bengale, le vent souffle du nord entre les mois d’octobre et de février et du sud à partir du mois de mars ; aussi les navires allant de Pondichéry à Chandernagor ne partaient-ils guère avant le mois de février pour commencer à revenir au mois d’août, époque où les vents du sud sont déjà faibles[1].

Ces navires étaient de préférence des bots ou des brigantins de 50 à 200 tonnes ; il en partait six à huit dans chaque sens. C’étaient bien entendu les mêmes qui servaient au retour. Ils apportaient en général à Chandernagor des

  1. Si dans l’intervalle, il était nécessaire de se communiquer des nouvelles ou des instructions importantes, on s’envoyait des pattemars ou courriers piétons, qui faisaient le voyage en deux mois.