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3. Le Nabab de Mourchidabad. — Les affaires de Cassimbazar.

Nos établissements du Bengale étaient tous situés dans les états du nabab de Mourchidabad, Mourchid Kouli Khan ou encore Jaffer Khan. Ce souverain dépendant du Mogol comme tous les souverains de l’Inde, était arrivé au pouvoir en 1704 et un de ses premiers actes avait été de transférer sa capitale de Dacca à Moxoudabad qui de son nom prit alors celui de Mourchidabad. Il mourut le 11 juillet 1727, laissant sa succession à son petit-fils Safras Khan, au détriment de son gendre Sujah Khan, qu’il n’aimait pas, mais ce dernier n’accepta nullement d’être déshérité et soutenu par deux puissants gouverneurs, les deux frères Hadji Hamet et Mirza Mohamed Ali, il revendiqua ses droits.

Mirza Mohamed Ali, qui devait un jour devenir lui-même nabab du Bengale sous le nom d’Aliverdi Khan, était né à Berhampour, dans le Décan, il y avait quelque soixante ans. Son père, du même nom que lui, était un parent pauvre du nabab, qui l’avait fait venir auprès de lui ainsi que ses deux fils. Ces deux hommes avaient de précieuses qualités pour réussir. Hadji Ahmet, l’aîné, était insinuant, souple et judicieux ; à ces qualités, le plus jeune ajoutait quelques talents militaires. Tous deux ne tardèrent pas à acquérir une grande influence et, lorsque survint la mort de Mourchid Kouli Khan, leur audace et leur habileté firent échouer les dispositions qu’il avait prises pour réserver sa succession à son petit-fils. Ils se soulevèrent et avant que Safras Khan eut pu faire acte de nabab, Sujah Khan était déjà maître de la capitale. Des lettres patentes du Mogol confirmèrent cette élévation.