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Sujah Khan, déjà nabab du Bengale et de l’Orissa, acquit encore le Béhar en 1729. Ce fut pour lui une occasion éclatante de témoigner sa reconnaissance à ceux qui l’avaient porté au pouvoir ; Mirza Mohamed fut chargé de l’administration de la nouvelle province, il l’administra avec prudence et en accrut la prospérité. Son autorité et celle de son frère firent de Sujah Khan un souverain très redoutable.

Les nations européennes devaient composer avec lui pour la sécurité de leurs transactions et il en tirait au moindre prétexte des sommes considérables sous forme de droits, de présents ou simplement d’exactions. Les Anglais et les Hollandais, plus riches que nous, étaient plus pressurés. Le pouvoir du nabab était pourtant une garantie contre la rapacité de ses propres agents ou de tous ceux qui prétendaient avoir des droits à une part quelconque d’autorité.

Nos droits de faire du commerce au Bengale avaient été déterminés par un paravana accordé à Deslandes le 23 janvier 1693 par Ibrahim Khan. Moyennant le paiement d’une somme de 40.000 roupies à faire à l’empereur et des cadeaux moins importants distribués au nabab et à ses principaux officiers, nous avions alors obtenu des droits analogues à ceux des Hollandais ; ils nous donnaient, après l’acquit des droits de douane fixés à 3 ½ %, la liberté de faire mouiller nos vaisseaux à Hougly, Ingely et Balassor, transporter nos marchandises où bon nous semblerait, les vendre à qui nous voudrions et les acheter à qui il nous plairait. Nous pouvions même acheter dans l’Orissa et le Béhar des toiles, cires, soies et autres marchandises à notre choix.

Les guerres de la fin du règne de Louis XIV obligèrent la Compagnie de France à suspendre presque complète-