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Aucune réponse à ces suggestions n’était encore parvenue à Pondichéry à la fin de mai. Désireux, d’amener le nabab à composition, le Conseil de Chandenagor avait proposé divers moyens, parmi lesquels l’augmentation de la garnison et la fortification du comptoir. « Croyez-vous, lui répondit Lenoir le 22 juin, la chose si aisée et d’une prompte exécution ? Le nabab verrait-il ces ouvrages tranquillement et sans s’y opposer, avant même que vous fussiez en état de lui résister à force ouverte. » Lenoir, pour qui montrer de la fermeté ne signifiait pas nécessairement pousser les choses à l’extrême, recommandait seulement d’arrêter les vaisseaux dans le Gange. Le propre intérêt des négociants les engagerait à prier le nabab de nous rendre justice pour qu’ils pussent faire plus tranquillement leur commerce.

Cependant les suggestions exposées par Alemchend avaient réussi, et Dirois lui-même avait été autorisé à se rendre à Mourchidabad pour régler le différend. Mais, avant même que Dirois fut parti, une nouvelle affaire était venue aggraver le conflit. Dans le courant du mois d’août 1730, le sieur Pigeon, nouvel agent de la Compagnie, fut informé qu’un pion du nabab venait de tuer un de nos soldats, envoyé dans cette ville pour sauver du pillage le vaisseau le George, appartenant à des particuliers de notre dépendance.

Le nabab, sollicité de nous rendre raison, invoqua nos retards dans le paiement des 40.000 roupies promises au Grand Mogol. Acceptant la discussion sur ce terrain, le Conseil Supérieur fut d’avis de payer immédiatement cette somme « légitimement due », au lieu de retenir un bateau de la Compagnie dans le Gange pour faire la guerre au nabab, ainsi que le proposait Dirois. La Compagnie, pensait-il, ne comprendrait jamais que pour