Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/148

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lers et il y en avait certains comme Dirois qu’il détestait profondément.

Le cercle de ses amis resta en somme toujours très restreint, et si l’on en excepte Vincens il n’eut en réalité d’affection profonde pour personne. On ne saurait d’ailleurs s’en étonner : si l’esprit souffle d’où il veut, le cœur ne se donne pas à tout venant. Il nous faut pourtant parler de deux relations passagères qui parurent avoir fait sur son cœur une profonde impression, et dont l’une eut de grandes suites historiques, nous voulons parler de son amitié pour Saint-Georges et pour Godeheu.

Saint-Georges était capitaine d’un des vaisseaux de la Compagnie. Dupleix le reçut à Chandernagor et s’éprit pour lui d’une affection véritable. Après son départ pour la France, il lui écrivit une lettre émue : « Exposé à tout un public, je suis obligé de me gêner et souvent je parais content lorsque je suis rempli des soucis les plus chagrinants. Cependant contre ma coutume, je n’ai pu résister à la douleur de cette séparation, et tout le monde s’aperçut bien le lendemain que je n’avais plus mon cher Saint-Georges… » Cette note étant unique dans la correspondance de Dupleix, l’affection qui n’est pas monnaie courante n’en a que plus de prix.

Ses sentiments pour Godeheu étaient d’une autre nature et il est possible qu’on y trouve un alliage d’intérêt, si léger soit-il.

Godeheu n’est autre que son antagoniste de 1754. Fils du directeur des ventes à Nantes puis à Lorient, Godeheu de Zaimont avait été envoyé par la Compagnie dans l’Inde à la fin de 1735, en qualité de marchand principal, moins pour y remplir effectivement ce rôle que pour s’initier plus complètement aux affaires de la Compagnie. À peine arrivé à Pondichéry il passa en Chine où il resta