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un jeune officier de ses amis, et dans laquelle elle se plaignait de la préférence que leur père avait eue pour leur frère aîné. Celui-ci pensa de son côté n’avoir pas eu dans cette circonstance toute la confiance de son cadet, mais cette pensée fut vite dissipée par Dupleix lui-même :

« Je t’assure, lui écrivit-il, que je n’ai vu qu’avec peine que tu puisses douter de mes sentiments à ton égard. Rends-moi, mon ami, plus de justice, je le l’ai toujours rendue non comme mon aîné mais comme à un parfait homme et au plus tendre ami que j’ai dans le monde. Si ma sœur paraît avoir des sentiments différents, je la désavoue. »

Nous ne savons quel était le montant des divers biens échus à Dupleix. Dans une lettre qu’il écrivit à son frère le 13 novembre 1736, il lui annonce l’envoi prochain de 20.000 roupies en marchandises et en diamants et il compte que cette somme, jointe à la succession paternelle lui fera environ 200.000 livres d’argent comptant[1]. Or, au taux de 3 fr. 70 — valeur intrinsèque — 20.000 roupies faisaient 74.000 livres. Au lendemain de la mort de son père, Dupleix avait donc à peu près 125.000 livres de fortune stabilisée en France, sans compter les fonds engagés dans l’Inde dans des entreprises commerciales. Ce n’était pas la fortune, mais c’était loin d’être la misère. Avec 200.000 livres on pouvait faire une certaine figure même en France. Dupleix songea un instant à employer cet argent dans l’achat d’une charge de secrétaire du roi, mais il renonça vite à cette idée pour donner suite à une proposition éventuelle de son frère qui lui avait offert de l’intéresser dans le bail des fermes générales si lui-même pouvait en obtenir une part dans le renouvellement de 1738.

  1. Ars. 4744, p. 19.