Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/155

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« Je me flatte, écrivait-il à Bacquencourt le 10 janvier 1737, que tu me donneras la préférence sur un étranger à qui tu pouvais céder la part que je puis prendre. Ajoutes encore, mon ami, qu’une somme aussi considérable qui paraîtra t’appartenir soutiendra ton crédit et t’en procurera même un plus important ; tu feras au reste ce qu’il te plaira. Je compte, si Dieu m’ayde, te faire encore passer l’année qui vient 20.000 autres roupies ; elles arriveront encore assez à temps avant la fin du bail, qui ne doit finir qu’en octobre 1738. Ainsi ce serait environ 250.000 livres que tu aurais à moi et dont tu pourrais disposer comme tu le jugeras à propos pour ton avantage et pour le mien. Le surplus, je l’emporterai avec moi ou j’en laisserai partie dans l’Inde, peut-être forcément. Tu dois bien croire qu’après avoir été dans un abîme d’affaires, il doit y avoir bien des queues. »

Ces dernières lignes sont une allusion à un retour en France qu’il envisageait à cette époque. La lettre continue en ces termes :

« Lorsque je prendrai le parti de me retirer, je ferai pour ton petit fonds comme pour le mien. Je ne puis t’envoyer de comptes à présent ; je ne pourrai le solder qu’au mois de mars prochain, mais tu peux compter sur un bénéfice de 25 % sur les 40.000 roupies que je t’ai intéressé dans le commerce des terres… »

Cette lettre arriva trop tard en France ; lorsqu’il la reçut, Bacquencourt pressé par les circonstances, avait accepté les propositions d’un nommé Barjac et s’était déjà associé avec lui. Mais il put néanmoins placer une partie des fonds de son frère dans des sous-fermes avec MM. Arnaud et Mauroy et Dupleix accepta cette disposition[1]. La lettre du 10 janvier se terminait ainsi :

« La fin de ta lettre du 12 février 1786 m’a fait un plaisir infini. Je l’ai lue et relue et plus l’envie me prend de me join-

  1. B. N. 8982, p. 23-311.