Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/156

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dre à toi ; je vais y travailler de toutes mes forces ; c’est sur quoi tu peux compter. Dieu veuille bénir mes travaux et me faire la grâce de te rejoindre après une si longue absence et dans un état à pouvoir te faire honneur ; tu as bien raison de dire que deux frères honnêtes gens sont bien forts et que se soutenant réciproquement, ils peuvent se faire estimer et rechercher de tout le monde. Si mes souhaits sont exaucés, tu ne le seras jamais tant que je le désire et lorsque je serai auprès de toi, j’y contribuerai de toutes mes forces ; je désire ce moment avec impatience. Ce ne sera jamais assez tôt suivant les sentiments de mon cœur, je t’exhorte, mon ami, à ne point te chagriner et à ne prendre aucune résolution, dont lu puisses te repentir un jour. Si l’envie de te remarier reprend et que lu trouves un bon parti, je te conseille de ne point le refuser, d’autant plus que pouvant faire quelque bonne alliance qui nous donnerait de l’appui, ce serait être ennemi de toi-même et des tiens que de ne pas l’accepter. Je pense bien qu’il te sera difficile de retrouver ce que tu as perdu, mais peut-être seras-tu assez heureux pour retrouver aussi bien. Pour ce qui est de moi, mon ami, lorsque je serai auprès de toi, je verrai ce qui me conviendra ou plutôt à qui je conviendrai, car ma foi, à mon âge, l’on ne doit plus songer à choisir, trop heureux souvent de trouver[1]. »

« La façon de vivre à Paris, disait Dupleix dans une autre lettre[2], est peut être la meilleure pour faire un bon mariage ; on se voit si peu, lorsqu’on est dans un certain train de vie, que souvent l’on ne peut s’apercevoir des défauts de sa chère moitié. »

Bacquencourt se remaria en effet peu de temps après[3] : nous doutons que les conseils de son frère aient influencé sa détermination.

  1. Ars. 4744, p. 67-71.
  2. B. N. 8980. Lettre du 23 novembre 1737.
  3. Il épousa en 1739 Marguerite Françoise de Rheims, alors âgée de 20 ans, fille de Bernard de Rheims, baron du Saint-Empire et chambellan du duc de Lorraine.