Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/158

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permettre les plus hautes ambitions. Il avait disputé avec passion à Dirois le poste de Chandernagor ; ce poste où l’on était merveilleusement bien pour faire fortune lui convint assez les premières aimées pour qu’il ne songeât pas sérieusement à l’échanger contre le gouvernement de Pondichéry ; il n’écartait pas toutefois cette éventualité et sur le bruit qui courut dès 1731 que Lenoir, dégoûté de ses fonctions, demandait à rentrer en France, il pria son frère (30 novembre) d’intervenir auprès des directeurs de la Compagnie pour obtenir sa succession ; Bacquencourt ne devait épargner ni ses prières ni l’argent. Mais partagé entre le désir de faire fortune à Chandernagor et celui d’occuper une situation plus brillante à Pondichéry, Dupleix ne formula pas ses désirs avec une grande insistance ; trois mois après, se rendant compte sans doute qu’il s’était fié à de faux bruits, il demandait au contraire à son frère de le tirer de ce pays, où il s’ennuyait à mourir, et il laissa courir les événements, quoi qu’il dut advenir, disposé à les accueillir avec une égale sérénité. Nul doute cependant que, par vanité tout au moins, il eut été plus satisfait d’être nommé gouverneur de tous nos établissements.

Dupleix s’était trompé en escomptant la succession de Lenoir pour 1732 ou 1733 ; elle ne s’ouvrit qu’en 1735.

Lenoir n’a pas laissé dans l’histoire un nom retentissant. Ce sont surtout les occasions qui font l’homme et les occasions lui manquèrent pour déployer toute sa valeur. Son gouvernement se déroula dans une période de paix complète, où même les bons administrateurs ont peine à faire ressortir leurs qualités. À part ses démêlés avec Dupleix, il s’attacha à dégager les affaires des conceptions grandioses, où parfois elles se perdent ; il se conforma avant tout aux règles du bon sens. Ses observations