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à Dupleix sur le crédit et sur les emprunts furent manifestement empreintes de sagesse. Les opérations auxquelles il présida furent en général heureuses et plus tard, lorsque vinrent des années difficiles, on en invoqua le souvenir avec complaisance, avec trop de complaisance peut-être : Lenoir fut en effet servi par la paix européenne autant que par ses mérites personnels. Son nom resta longtemps populaire dans l’Inde, puis il s’effaça.

Dupleix n’avait jamais entretenu avec lui de bonnes relations depuis 1727, et, comme on s’en rendra compte au cours de cette histoire, ils passèrent leur temps à se faire la guerre à coups d’épingles. Un incident diplomatique relatif à un vaisseau suédois, permit en 1734 à Dupleix de supposer et d’espérer que Lenoir en serait la victime, et prenant ses désirs pour des réalités, il pria à nouveau son frère de lui faire obtenir sa succession. Mais, soit qu’il ne trouvât pas le terrain assez solide, soit qu’il fût encore retenu à Chandernagor par la nécessité de consolider sa fortune, il ne mit guère à réaliser son désir plus d’énergie qu’en 1731. S’il pria son frère et un nommé M. de Savalette, parent de sa belle-sœur, de plaider sa cause auprès des directeurs, il ne leur demanda pas de remuer ciel et terre, ni surtout de faire agir Plutus, le dieu du succès. En ne s’engageant pas à fond, il masquait de façon habile l’éventualité d’un échec et s’évitait à lui-même pour l’avenir les embarras d’une situation difficile.

Il est peu probable que l’incident du vaisseau suédois ait été la cause réelle du remplacement de Lenoir ; les documents officiels nous apprennent qu’il demanda spontanément à être relevé de ses fonctions. Le bruit de son départ commença à courir à Pondichéry au début de 1735 et c’était Lenoir lui-même qui le répandait. Dupleix