Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/167

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Enfin à La Farelle : « La Bourdonnais n’a rien épargné pour obtenir ce poste ; tout a été employé et il a, dit-on, beaucoup d’obligations à son épouse. Je n’en crois rien ; elle est trop bien élevée pour avoir fait aucunes bassesses, mais cependant… ce diable de cependant ne vaut rien. Tous les officiers de vaisseaux le diront. Je ne sais pas si la Compagnie aura lieu d’être satisfaite de ce nouveau gouverneur ; il a trop promis pour ne pas manquer en beaucoup de choses[1]. »

Aucun document connu ne permet de contrôler ces jugements ou insinuations. Il est vraisemblable que Dupleix exagérait en représentant La Bourdonnais sous des traits aussi disgracieux : la querelle de Madras, où il montra lui-même peu de mesure, en est une preuve a posteriori ; mais il est probable aussi qu’il ne se trompait pas complètement, pas plus que La Bourdonnais n’était dans l’erreur en accusant Dupleix de vanité et même de fausseté[2], comme il l’a fait en ses mémoires. Ces faiblesses humaines n’empêchent pas toujours de réaliser de grandes actions ; alors l’histoire est pleine d’indulgence et c’est ainsi que Dupleix et La Bourdonnais ont été réconciliés par la postérité.

Si Dupleix ne fut point nommé gouverneur de Pondichéry, il reçut en revanche, et par manière de compensation, une gratification de 100 pistoles ou 1.000 livres pour les soins qu’il venait d’apporter à l’établissement de la loge de Patna. Il refusa d’abord de la toucher, la trouvant trop mesquine. « Je remercie la Compagnie, écrivit-il aux directeurs le 15 décembre, de la gratification de 100 pistoles qu’elle a eu la bonté de m’accorder ; c’est

  1. Ars. 4743, p. 49, 52, 56.
  2. Mémoires de la Bourdonnais. Édition de 1890, p. 148 et 154.