Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/168

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toujours une marque de sa bienveillance, mais… je croyais mériter autre chose. Je m’arrête et je crains d’en trop dire. Il est cependant à propos de vous dire que je n’ai point reçu cette gratification. Il est vrai que si elle eut été passée en augmentation d’appointements, je l’eusse acceptée avec plaisir. » Cette lettre n’était pas encore arrivée en France que la Compagnie lui renouvelait la même gratification par délibération du 23 mars 1736 et elle lui fut continuée l’année suivante.

Si l’on se rappelle que sa solde était seulement de 5.000 livres, cette gratification deux fois renouvelée, ne paraîtra pas trop misérable. Dupleix n’en fut pas satisfait. « L’ingrate Compagnie, écrivait-il à son frère le 28 novembre 1737, a cru devoir faire beaucoup en augmentant mes appointements de 100 pistoles et en me donnant deux gratifications de même somme. Une gratification de 100 pistoles est la récompense de tout, c’est le remède à tous maux et il faut encore que je la remercie comme si j’avais lieu d’être content. »

Cultru fait remarquer que le principe de ces récriminations était un orgueil basé sur une susceptibilité maladive. Nous ne le contredirons pas. Depuis le jour où, nouvellement débarqué à Pondichéry, Dupleix s’était vu attribuer la première place au Conseil, sa présomption avait toujours été très grande ; on eut dit qu’il se sentait marqué d’un signe prédestiné.


III. — Ses projets de retour en France. La mission Vincens.

La nomination de Dumas au gouvernement de Pondichéry ajournait à une époque indéterminée les espérances