Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/170

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avaient diminué. Devant cette nécessité et ces perspectives, Dupleix n’hésita plus ; il renonça à tout projet de rentrer en France ou du moins l’ajourna à une date indéterminée, et il se prépara résolument à parcourir la carrière nouvelle qui s’ouvrait à son activité et à son ambition.

Suivons-le maintenant au milieu de toutes ces hésitations où les questions d’argent et d’ambition sont étroitement unies et confondues. Nous serons ainsi amené à voir comment les unes ont pu réagir sur les autres.

C’est au lendemain même de la nomination de Dumas et par une sorte de dépit que Dupleix songea pour la première fois à quitter l’Inde. Il fit part de cette idée à son frère par les derniers courriers de 1735. L’année suivante il apprit que son nom avait été prononcé à Paris pour la succession de Lenoir et des promesses éventuelles, quoiqu’un peu vagues, lui furent faites par quelques directeurs de la Compagnie. La prudence commandait de les accueillir avec réserve ; c’est ce qu’il fit. Le 10 janvier 1737, il écrivit à ce sujet à son frère :

« Ce que M. des Préménil t’a dit au Havre me fait un vrai plaisir. Chacun des directeurs m’en disent autant, mais, mon ami, tout cela n’est que de l’eau bénite de cour. Ils ne sont pas maîtres de faire ce qu’ils veulent. Un valet de chambre ou, si l’on veut, une drôlesse en font plus qu’eux et c’est par ce moyen que Dumas a obtenu le gouvernement en faisant un présent de 50.000 livres au valet de chambre du cardinal. La Bourdonnais s’est aussi servi du même secret. C’est aujourd’hui le vrai chemin pour venir à bout de ses desseins.

« Ainsi, mon ami, pour revenir à ce que disent les directeurs, je n’y fais aucun compte… Il ne faut passe flatter que Dumas sorte sitôt du gouvernement ; il est encore très jeune et très ambitieux. Tu peux penser qu’il emploiera le vert et le sec pour