Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/186

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privilège des roupies dont il se targue[1] ; c’est Lenoir qui avait tout préparé sur ses propres idées à lui, Dupleix, et sur les démarches qu’il avait faites eu diverses occasions. Aussi la récompense obtenue par le gouverneur a-t-elle surpris tout le monde. Dupleix la mérite encore plus que lui ; il prie son frère de l’exiger et de ne pas s’arrêter aux premiers refus qu’on pourra lui opposer. Il aurait été vaguement question, pour reconnaître ses services, de lui donner une place de directeur à Paris ; ce n’est point ce qu’il demande ; quand il se retirera, ce sera, dit-il, pour jouir plus tranquillement et plus honorablement du fruit de ses travaux.

La lettre aux directeurs s’adressait à un groupe anonyme et dans une certaine mesure irresponsable ; on pouvait lui confier sans grand inconvénient des expressions outrancières ; celles que Dupleix envoya au contrôleur général, à d’Hardancourt, à Godeheu père et à d’autres personnes furent un peu moins vives et plus atténuées. Il est évident que Dupleix cherchait à se concilier en particulier des appuis qu’il malmenait quelque peu dans leur ensemble. Il était tellement hanté par l’idée d’une récompense proportionnée à ses services qu’il déclara à son frère ne plus vouloir quitter l’Inde si justice ne lui était préalablement rendue. Il y attendrait dans un exil volontaire l’heure de la réparation, sauf à rentrer ensuite en France, en prétextant le mauvais air du Bengale ou l’état de sa santé ; mais peut-être rentrerait-il également si on s’obstinait à lui refuser les faveurs et honneurs qu’il réclamait.

  1. Il s’agit ici du privilège de la frappe des roupies à Pondichéry obtenu en 1736 du nabab d’Arcate, et non de celle de Mourchidabab obtenue par Dupleix lui-même en 1738, et qui fut l’objet d’un conflit avec le Conseil Supérieur.