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La plupart des lettres de Dupleix nous manquent pour les années 1733, 1734 et 1735. Nous y eussions sans doute trouvé de nouvelles récriminations contre la politique du nabab. Lorsque les renseignements commencent à se préciser à nouveau, la situation générale ne s’était pas modifiée. Sans chercher à nous faire quitter le pays, le nabab continuait à tirer de nous le plus d’argent qu’il pouvait. Comme dans l’intervalle nous avions établi une loge à Patna, nous avions donné un nouvel aliment à ses exigences. Là comme à Cassimbazar on ne pouvait faire le moindre commerce sans s’exposer, en dehors des droits réguliers, à satisfaire aux demandes les plus imprévues et les moins justifiées. Dupleix manœuvra au milieu de ces difficultés avec la prévision d’un commerçant qui sait que l’argent est un bon négociateur.


Ce fut dans cet intervalle que se confirma et s’accrut dans des proportions considérables l’autorité des deux frères Agy Hamet et Mirza Mohamed Ali. Safras Khan leur devait son élévation au trône et à moins de s’en défaire par un assassinat, il ne pouvait rien leur refuser ; c’étaient eux qui dirigeaient les affaires de l’État. Tant à Mourchidabad qu’à Patna tout passait par leurs mains, et selon la méthode indigène, rien ne se réglait sans argent. Il était tout à fait inutile d’adresser au nabab des plaintes contre leurs agissements, elles ne lui seraient jamais parvenues ; on n’eut trouvé personne pour les transmettre. Les maires du palais ont souvent plus de pouvoir que leur souverain. L’autorité de ces deux hommes qui ne manquaient ni d’intelligence ni de capacités, ni même d’un certain sens des nécessités administratives, n’était d’ailleurs pas plus tracassière ni plus injuste que celle des autres ministres qui dirigeaient ailleurs les affaires de l’Inde. Dupleix lui--