Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/197

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prix honnête, mais Agy Hamet dut promettre de son côté de ne plus se mêler de ce commerce et il confirma cette promesse par écrit. Mais pour en détruire les effets il obtint dans les mêmes jours un paravana du nabab interdisant aux Européens le commerce du salpêtre à Patna. Cette interdiction créa aussitôt une situation nouvelle. Les Européens n’ayant pas encore pris livraison du salpêtre d’Hougly, Agy Hamet déclara que le paravana ne serait pas annulé si cette livraison n’était pas réalisée. Dupleix écrivit le 10 février 1738 à Sichtermann qu’il faudrait sans doute en passer par ces exigences, mais avant d’en arriver là, il fallait obtenir d’abord l’annulation du paravana et prendre ensuite le salpêtre. « Un peu de fermeté, disait-il, serait plus convenable que de lui (Agy Hamet) montrer aucune crainte ». Le pis qui pouvait nous arriver n’était-il pas d’être obligé de prendre quand même le salpêtre ? Ce fut la conception d’Agy Hamet qui prévalut, elle avait l’avantage d’être appuyée par la force,

Dupleix s’essayait ainsi, sans grande espérance de réussir, dans une sorte de résistance aux exigences des Maures et il est vraisemblable que s’il eut disposé d’une force armée suffisante, il eut mis les fers au feu. Il ne semble pas avoir eu une très haute estime pour les Indiens en général ni pour leurs chefs en particulier, bien qu’il en ait défendu quelques-uns avec une réelle conviction et une reconnaissance justifiée de leur valeur et de leurs services : « Tenez-vous toujours sur vos gardes, écrivait-il à Burat le 7 mars 1735, tous les noirs sont des coquins… Il est bon de ne pas adhérer trop facilement aux injustes procédés de cette maudite race. »

On ne trouve pas dans sa correspondance beaucoup de manifestations de sentiments similaires s’appliquant à toute une population ; dans l’Inde de cette époque le