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pendant la plus grande partie de l’année. La côte Coromandel et la côte d’Orissa, extrêmement basses, se dissimulent mal sous une végétation sans élégance qui s’éclaircit très vite en allant vers les Gattes pierreuses et arides où s’appuient, à l’intérieur de la péninsule, les hauts plateaux du Mysore et du Décan. Plus élevée, avec quelques falaises abruptes, la côte Malabar se perd au contraire dans une mer de feuillages, qui, même en plein midi, oppose une sûre barrière aux rayons brûlants du soleil.


I. De l’influence politique des castes.

Il est probable que ce pays aurait moins enchanté les écrivains s’ils n’y avaient trouvé une civilisation millénaire qui a façonné la nature aux besoins de l’homme et lui a donné quelques charmes factices provoqués par les nécessités quotidiennes de la vie. Cette civilisation dont nul ne sait les origines, nous apparaît dès les premiers âges connus de l’humanité, comme définitivement constituée. Elle repose sur le système des castes, sortes de corps de métiers où l’homme et sa famille sont enfermés toute la vie sans jamais pouvoir en sortir, à quelque degré de fortune que l’on puisse atteindre. Ce système, tout à fait en opposition avec nos mœurs occidentales basées sur une égalité douteuse, n’a cessé d’être pour l’Inde un élément de tranquillité sociale et peut-être de bonheur individuel. Il convient probablement à une contrée où, sous l’action bienfaisante du soleil, les hommes n’ont que des besoins très limités. Les brahmes qui l’ont inventé furent des sages très sceptiques sur les possibilités perfectibles de notre espèce.

Ces brahmes forment encore aujourd’hui une mino-