Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/203

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de la chute des puissances indoues que nous avons signalée plus haut se précisait avec les années : or aucun pouvoir politique ne disparaît sans qu’un autre s’établisse aussitôt sur les ruines. Et la prise de Delhi par Nadir Cha précède seulement de sept années la bataille du Grand Mont où l’armée du nabab d’Arcate s’évanouit comme un fantôme devant une poignée d’Européens conduits par Paradis, le général improvisé de Dupleix.

Voici cette lettre, où l’auteur après avoir signalé à nouveau l’arrogance du Gouvernement maure déplore notre facilité à tout souffrir qui le portait chaque jour à de nouvelles exigences et cela

« parce que très mal à propos il semblait qu’on le craignît. Il était assez difficile de dire sur quoi cette crainte était fondée. On avait eu des exemples fréquents de leur lâcheté. Quelle était donc la raison de la facilité qu’il trouvait chez l’Européen ? Il n’y en avait point d’autre que le mauvais parti que les Européens avaient choisi et dont il avait su profiter en gens habiles. Je vous avoue que je me repens tous les jours de n’avoir pas agi dans diverses occasions avec vigueur, telle que l’idée m’en était venue. J’étais presque assuré de la réussite, mais cependant la crainte du retardement de quelques vaisseaux et d’être peut être condamné un peu trop légèrement m’a toujours arrêté, quoique je sentisse la conséquence d’agir tout autrement que nous ne faisions. La révolution présente est une preuve bien certaine du peu de crainte que ces misérables Maures devaient nous inspirer ; elle doit bien nous faire sentir la faiblesse que nous avons eue de souffrir si patiemment de pareils coquins. Il ne me paraît pas convenable dans ce nouveau gouvernement de se mettre sur le pied où nous avons été. Il y a trop longtemps que l’on nous crache impunément au nez ; il faut choisir un parti plus honorable et plus convenable à l’honneur de la nation et aux intérêts de nos maîtres. Tout dépend des commencements ; si l’on s’y prend mal tout est perdu par la