Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/212

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rêts de l’État, il est possible qu’il eût gagné la partie qui se préparait ; mais il était débauché, tyrannique, cruel, injuste et loin de chercher à se concilier des partisans, il ne négligeait aucune occasion d’humilier les gens et les couvrir d’affronts. Les fortunes privées furent elles-mêmes menacées et avec elles la vie de leurs propriétaires. De ce nombre était Jogot Chet, le plus riche banquier du Bengale. Le danger commun réunit de communs efforts ; Jogot Chet s’entendit avec Mirza Mohamed et la révolte prévue éclata.

Pendant qu’elle se déroulait, Dupleix réglait tranquillement avec le divan de Mourchidabad les diverses questions que soulevait toujours dans l’Inde un nouvel avènement au trône. Dès le lendemain de l’élévation de Safras Khan, Dupleix lui fit présenter le salam ordinaire par ses ouquils, mais ce n’était pas suffisant. L’usage voulait que le chef de Cassimbazar lui fit une visite solennelle et sollicitât de lui un nouveau paravana confirmant les privilèges de la nation. Le tout n’allait pas sans de grosses dépenses ; Dumas prescrivit à Dupleix de se conformer aux précédents.

Le bruit courut à ce moment que Nizam oul Moulk, pour affirmer ses droits de suzeraineté sur le Bengale, avait demandé 60 millions de roupies au nouveau souverain comme don de joyeux avènement. Il était peu probable que Safras Khan voulut reconnaître par un signe quelconque la sujétion plus nominale que réelle que le nabab du Décan prétendait établir sur ses états ; nul doute cependant, s’il devait s’incliner, qu’il ne récupérât sur les Européens et les marchands du pays les présents qu’il aurait à faire. Ainsi de nouvelles charges menaçaient nos établissements. Dupleix crut devoir demander des instructions à Dumas (lettre du