Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/214

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Pondichéry et de Chandernagor. C’était un titre exclusivement indien équivalant à celui de commandant de cinq mille chevaux. Il conférait à leurs bénéficiaires, outre des distinctions purement honorifiques, le droit de jouir du revenu de certaines terres, dénommées jaguirs, qui rappelaient dans une certaine mesure les anciens titres de la féodalité française. Ces revenus pouvaient aller jusqu’à 200.000 roupies, compensés il est vrai par des charges presque équivalentes. Un mansebdar était ainsi un personnage très considérable et très considéré, fort supérieur en dignités et en pouvoir aux avaldars, faussedars et autres gouverneurs civils et militaires de l’Indoustan. Nul Européen n’avait été investi de ce titre, qui, même sans la charge effective, était encore des plus honorables et des plus imposants. Volton pensait toutefois qu’on ne l’obtiendrait pas du Mogol sans quelque gros cadeau. Il semble que Dupleix, si désireux de distinctions en France, aurait dû recueillir avec empressement une proposition qui flattait à ce point la vanité humaine. Il en fut tout autrement. Dupleix apprécia à sa juste valeur l’avantage politique qu’en recueillerait le représentant de la France. Ce titre, écrivait-il à Dumas le 10 janvier 1740, « nous éviterait surtout au Bengale bien des avanies ; c’est la plus grande marque de distinction et de protection que l’on puisse obtenir du Mogol et qui dans bien des occasions retiendrait l’avidité du misérable gouvernement auquel nous avons affaire… La Compagnie et la Nation seraient bien plus respectées qu’elles ne sont dans ces pays et les autres nations ne tarderaient point à débourser des sommes immenses pour être sur le même pied. » Mais Dupleix ne voulait ni des charges ni des émoluments qui lui étaient attachés ; il ne désirait que le titre lui-même