Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/215

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avec ses privilèges purement honorifiques : ainsi les chefs de Pondichéry et de Chandernagor qui en seraient revêtus pourraient, quand il leur conviendrait, se faire précéder en marchant de toutes les marques de cette dignité : drapeau, timbales, etc. Quant à payer une grosse somme pour obtenir le titre, on n’y devait pas songer et il fallait que Volton eut le « cerveau dérangé » pour avoir fait cette proposition.

La négociation fut menée d’abord par Groiselle qui pendant un temps servit d’intermédiaire entre Volton et Dupleix. Celui-ci de son côté écrivait à Dumas à titre officieux, puis quand il eut son assentiment, il entra en relations directes avec Volton, sans jamais rien sacrifier à la pure vanité. Dégagée de ses arguments les plus persuasifs, la conversation traîna en longueur et peut-être n’eut-elle pas abouti sans un événement tout à fait inattendu à la côte Coromandel.

En 1741, les Marates avaient envahi la Carnatie, vaincu et tué le nabab d’Arcate et pourchassé sa famille jusque dans Pondichéry où elle s’était réfugiée. Sommé de la lui livrer, sous peine d’être lui-même attaqué, Dumas, avec un courage tranquille qui a fait sa gloire, répondit qu’il n’avait que du fer à la disposition de ses ennemis. Cette fière attitude impressionna plutôt qu’elle n’intimida réellement le chef marate Ragogy Bonsla ; il en conçut une haute estime pour la nation et ne s’entêta pas dans ses projets. Le nouveau nabab d’Arcate reconnut les services de Dumas par la cession de quelques aldées, qui forment encore aujourd’hui le patrimoine de Pondichéry ; quant au Mogol il voulut, lui aussi, remercier le gouverneur français d’avoir sauvé de la ruine et peut-être de la mort toute une famille de princes indiens et le titre de mansebdar qui nous fut alors accordé paraît