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avoir été un hommage à notre vaillance plutôt qu’une concession sollicitée. Il ne semble pas que Dupleix seul eut réussi à forcer la faveur du Mogol ; sa valeur personnelle n’avait pas encore eu l’occasion de se révéler dans aucune affaire retentissante et notre situation au Bengale, sans être très humiliée, était loin d’être fort glorieuse.

Dupleix reçut le titre de mansebdar à la fin de 1741, au moment où il allait quitter le Bengale pour prendre possession du gouvernement de Pondichéry. Un honneur extraordinaire en rejaillit aussitôt sur la nation ; les gouverneurs maures du voisinage reconnurent spontanément la supériorité du chef de Chandernagor et lorsque Dupleix, pour prendre congé du faussedar d’Hougly, voulut lui faire un présent, celui-ci refusa ; car, dans la société indoue, les présents sont en général considérés comme une des formes de l’hommage ou d’un respect particulier.


En résumé, durant cette période de dix ans, nous avions assisté à deux événements importants dont l’un est des plus considérables de l’histoire : l’invasion de Nadir Cha et l’avènement au pouvoir d’Aliverdi Khan ; mais aucun d’eux ne nous avait touchés de très près, et quel que fut le régime, nous étions également pressurés par les Maures. Des préoccupations fiscales plutôt que politiques étaient la cause de ces tracasseries continuelles où, pour obtenir de l’argent, on usait de tous les procédés que l’imagination orientale pouvait suggérer. Les bénéfices que nous retirions du commerce nous permettaient de supporter ces charges sans trop de mauvaise grâce. Dupleix protestait bien à l’occasion contre les abus de pouvoir dont nous étions les victimes,