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et soupçonnant plutôt qu’il ne connaissait réellement la faiblesse de l’empire mogol et du nabab de Mourchidabad, il proposait à Dumas et à la Compagnie de leur tenir tête ouvertement ; mais les moyens indiqués ne paraissaient pas très pratiques et la Compagnie, croyant les Maures plus puissants qu’ils ne l’étaient, recommandait la patience, toujours la patience, comme si des injures si lointaines méritaient d’être retenues par une puissance comme la nôtre jouissant en Europe d’une force aussi bien établie.


II. — Rapports avec les Compagnies Européennes.

La Compagnie d’Angleterre et celle de Hollande ne raisonnaient pas différemment. Celle d’Angleterre bénéficiant d’un firman octroyé en 1717 pour l’empereur Férocksir était exempte de droits pour ses marchandises, mais cette faveur ne s’étendait pas au commerce des particuliers, même revêtus de la protection ou de la recommandation britannique. On tournait la difficulté en faisant figurer au compte de la Compagnie nombre d’affaires privées d’Anglais, Arméniens ou autres et ainsi les trois quarts des opérations échappaient au contrôle du nabab. Celui-ci le savait mais s’en souciait d’ordinaire assez peu, si des cadeaux venaient à propos endormir sa vigilance. Les Anglais furent sans doute moins généreux en 1731, car cette année le nabab manifesta l’intention d’installer un gouverneur maure à Calcutta pour y rendre la justice et y surveiller le commerce. S’il ne réalisa pas cette menace, il prit d’autres mesures aussi désobligeantes ; il interdit le cours des roupies Madras dans tout son gouvernement ; il barra le cours de l’Hougly à la flotte