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d’Aureng-Zeb en 1707. Ses héritiers, fils et petit-fils, se disputant sa succession, s’étaient livrés les uns aux autres des luttes meurtrières qui avaient affaibli l’empire. En moins de douze ans, cinq souverains plus ou moins légitimes passèrent sur le trône. Les deux frères Seyd, Seyd Abdoulla et Houssein Ali, qui furent les maîtres du gouvernement pendant huit ans, avaient en 1712 placé sur le trône l’empereur Feroksir, qu’ils déposèrent en 1718 pour lui donner comme successeur en 1719, après deux règnes plutôt fantaisistes, un arrière-petit-fils d’Aureng-Zeb, qui prit en arrivant au trône le nom de Mohamed-Cha. Ce prince, adonné aux plaisirs, était un esprit faible, nullement qualifié pour relever l’empire ; son long règne ne fut que le lent développement d’une irrémédiable décadence ; de tous côtés les nababs ou soubabs, qui étaient les grands gouverneurs des provinces, songèrent à s’y rendre autonomes, puis indépendants et héréditaires.


Le premier qui commença cette désagrégation de l’empire fut le fameux Nizam oul Moulk. Il se nommait de son vrai nom Mir Kummur ud din, et était fils d’un certain Ghazi ud din, dont la famille était originaire de Caboul. Au temps d’Aureng-Zeb il avait reçu le titre de Cheyn Koulish Khan, avec le manseb ou commandement de 5.000 chevaux ; quand le vieil empereur mourut, il occupait le poste important de soubab de la province de Bijapour. Il contribua avec les Seyds à l’avènement de l’empereur Feroksir, et à la mort de Zoulfikar Khan, vice-roi du Décan, il reçut en récompense sa succession avec le titre de Nizam oul Moulk. Il ne garda ce gouvernement que pendant 17 mois ; en 1714, il fut remplacé par Houssein Ali Khan, l’un des deux Seyds, et nommé